Avant dimanche 3 janvier : depuis plusieurs jours j'avais des douleurs dans le ventre et les côtes. Je pensais que bébé appuyait dessus. La nuit, je ne dormais quasiment pas, je me réveillais avec des douleurs dans le bras. Ma tension était haute au milieu de la nuit.
Dimanche 3 janvier : toujours pas au top de ma forme. Le matin, j'ai demandé à Chéri d'aller voir le courrier car nous n'y avions pas été la veille. Mes résultats d'analyses étaient là. Albumine dans les urines, acide urique dans le sang... on a senti que quelque chose n'allait pas. On passe la journée à cogiter, en se demandant quoi faire. Mais s'il y avait eu quelque chose de grave, le labo aurait appelé ?? Ou gygy ?? On ne nous aurait pas laissé comme ça, si ??? Le soir arrive, on s'installe pour jouer à la wii (Mario bross, trop bien d'ailleurs mais j'suis trop nulle...). En fin de soirée, je ne vais pas très bien, toujours ces douleurs. Je vais me coucher, mais je redescends pour prendre un doliprane. Chéri s'inquiète. J'appelle la maternité pour expliquer mes résultats d'analyse, on me dit de passer tout de suite, ou demain matin. On remonte, il reste avec moi le temps que je prenne une douche. Je me couche. Ca va encore moins bien, j'ai mal aux côtes (j'apprendrai plus tard que c'est la barre épigastrique, le dernier symptôme avant le drame). Chéri me demande "est-ce qu'il faut qu'on aille à l'hôpital?". Jusqu'à présent je disais "non", mais là, je réponds "peut-être"... Il a compris. Il est minuit passé, la Brioche dort, nous n'avons personne à appeler pour la garder. Un aller-retour à la mater ne prend que 10 minutes. On n'a pas le choix, Chéri mets les bouchées doubles et me dépose aux urgences. Sur le trajet je souffre, j'ai vraiment mal.
Arrivée à la maternité, la sage-femme me prend en charge. Je lui explique. J'ai mal, aux côtes, à la nuque, à la tête... C'est la tension. 18/10... On me refait les urines : albumnines, positif. On me garde. Plus tard, le gygy est appelé, il me donnent un truc pour la douleur et on m'annonce qu'on va me transferer en niveau 3 à Toulouse. Il connaît le chef de clinique et c'est ok. On me fait les cortocoïdes. J'appelle Chéri. Lundi 4 janvier: Il doit être 3 ou 4 heures du matin. Je souffre toujours. Le smur arrive de suite, on me shoote pour le trajet, j'ai trop mal. Arrivée à Toulouse, je suis tout de suite prise en charge. Prise de sang (encore), echo (bébé va bien, et le gygy m'a même laissé une photo de sa bouille. Gentille attention, photo que je garderai sur moi jusqu'au bout). On me sonde, puis on me transfère en salle de réveil, pas en chambre, je dois rester sous haute surveillance. Ils essayent tous les médicaments pour me faire baisser la tension, ça ne marche pas. Je tiens Chéri au courant au fur et à mesure. J'ai mal. Mes bilans reviennent, c'est pas bon.
Aux alentours de 11h00 je crois, on me donne du magnésium. "Pourquoi" - "pour éviter que vous convulsiez"... ah. On me dit qu'il va falloir extraire le bébé dans les jours à venir. On revient ensuite me dire qu'on va faire sortir le bébé bientôt. Je demande si on peut attendre deux heures, le temps que Chéri arrive. On me dit oui. J'appelle Chéri en lui disant d'aller calmement déposer la Brioche chez Nounou, on va extraire le bébé. Chéri avait appelé ses parents au secours au milieu de la nuit, il sont arrivés de Bretagne le soir même, à notre secours. Chéri n'aura pas le temps d'arriver.
Je me souviens d'avoir mal, d'avoir une perf à chaque bras, des electrodes, la sat, une sonde et le monito. Je me souviens de me tourner sur le côté gauche parce que je savais que ca soulageait bébé. Je me souviens de voir arriver beaucoup de monde en courant, ils s'agitent, d'arriver en salle d'opération. On me dit qu'on va me déplacer sur la table, mais je leur dis que je peux le faire. Comment ??? Mais je l'ai fait. J'ai froid, je tremble, ou je convulse j'en sais rien, on commence à m'asperger de bétadine, on monte le champ, j'ai peur... on me demande de respirer, à tout à l'heure madame...
Je mettrai plus de 4 heures à me réveiller. J'ai ouvert les yeux au moment où j'ai entendu Chéri passer la porte de la salle de réveil. Plus de 4 heures d'angoisse pour Chéri, qui n'a pas pu avoir de nouvelles, ni de sa femme, ni de son fils. Il est resté à attendre en se demandant si on était toujours en vie. En me voyant, il a cru que j'étais hémiplégique. Je n'avais plus de force, mais je ne souffrais plus. Il m'a dit que le petit était en réa, intubé, mais qu'il allait bien. Je ne me souviens pas de grand chose, j'ai beaucoup dormi.
Ma tension était toujours élevée. Je n'y voyais pas grand chose. On a fait venir un ophtalmo au milieu de la nuit, verdict : décollement séreux de la rétine. J'ai perdu 5 litres d'eau en moins de 24 heures, les oedèmes... Je devais ressembler à éléphantman... Quand j'ai soulevé les draps, quand j'ai vu mon ventre vide, plat et le pansement. J'ai fondu en larmes. C'est par là qu'on me l'a sorti.
Je suis restée 72 heures en salle de réveil. Oui, j'ai un peu squatté... l'équipe a été adorable, vraiment. Ils s'inquiétaient de mon état, il fallait que je reste sous haute surveillance. Je risquais encore une hémorragie. Mercredi 6 janvier, avant de me monter en chambre, le médecin m'a demandé si je voulais voir mon bébé. Je ne pouvais ni m'asseoir, ni me lever, et je n'y voyais pas beaucoup, mais oui, je voulais le voir. C'est en brancard qu'on m'a emmené en réa. Merci. J'ai vu pour la première fois mon bébé. Mon bébé qui pour la première fois a ouvert les yeux en entendant ma voix. Ca a duré 5 minutes, mais j'ai pu le voir. Il était beau, mais qu'est ce que je m'en voulais...
En termes médicaux, j'ai fait une pré-éclampsie sévère accompagnée d'un HELLP syndrome. C'est une défaillance hépatique, rénale et hémolytique. Mes reins ne fonctionnaient plus, mon foie étaient en vrac il faisait un hématome, et mes plaquettes étaient en chute libre. Je suis descendue à 13 000, alors que les fourchettes mini des analyses de sang sont à 150 000. Autrement dit, j'ai des hématomes assez énormes parce qu'on ma beaucoup piqué. Je cicatrise mal, j'ai fait un hématome à la cicatrice de la césarienne qui au jour d'aujourd'hui saigne toujours et ne s'est pas totalement refermé... C'est pas jojo.
mardi 19 janvier 2010
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coucou isa!
RépondreSupprimertrop contente d'avoir enfin de tes nouvelles..
en te lisant j'en avait les larmes aux yeux...
je te souhaite beaucoup de courage et un bon rétablissement et que ton p'tit bout continue de plus en plus à faire des progrés ...
biz
aurore
Je suis émue de ton récit Isa, même si c'est on ne peut plus dur, ce que tu as vecu!! Tu reviens de loin ma petite Isa....
RépondreSupprimerEllen